Top 10 des cinéastes américains en activité

jeudi 8 octobre 2009

Aujourd'hui a circulé sur Twitter ce Top Ten Working American Directors avec lequel je suis parfois d'accord mais, en fait, à la réflexion, non. Relevé par David, l'absence de David Lynch est un scandale. Et ma réaction sur Twitter, bien que contestée, appelait à un point de vue un peu plus fourni. Voici donc mon Top 10, parfaitement subjectif et assumé, des meilleurs cinéastes américains en activité.

1. David Lynch
Mulholland Drive étant le plus beau et le plus grand film de tous les temps, David Lynch était assuré de figurer dans ce top 10. Or il se trouve que ses autres films, bien que peu nombreux, ont tous été pour moi de grands moments de cinéma : Lost Highway m'a retourné le cerveau, Dune a troublé mes 10 ans, Eraserhead m'a donné l'illusion d'être un cinéphile intello, Blue Velvet m'a fait voir le monde différemment, Sailor & Lula m'a donné envie d'avoir une veste en peau de serpent et Inland Empire m'a vraiment fait chier mais a incrusté en moi des images impérissables (ces lapins !).

Si on ajoute à cette oeuvre cinématographique ahurissante la série Twin Peaks, nous obtenons tout simplement avec David Lynch le plus grand faiseur d'images de ces 30 dernières années. Respects éternels. Et puis Mulholland Drive quoi ... la beauté faite cinéma.

2. Woody Allen
En 1977, Woody Allen signait un des meilleurs films américains de la décennie avec Annie Hall. En 2009, il m'a offert (merci, merci) un des meilleurs films de l'année avec Whatever Works, pur feel-good movie bourré d'intelligence, de finesse et d'humour. Et entre-temps, il enfile les chefs-d'œuvre comme d'autres enfilent des perles : Manhattan (la scène finale avec Mariel Hemingway, oh my God !), Le sortilège du scorpion de Jade (LE film jubilatoire par excellence), Match Point, Melinda & Melinda (le plus sous-estimé de tous les Allen ?) et 15 autres encore que j'ai eu le bonheur de voir.

Le mot génie me paraît avoir été inventé pour qualifier Woody Allen, homme doté d'une science inouïe du langage cinématographique doublée d'une finesse d'analyse inégalée. Tous en choeur : génie, génie, génie.

3. Steven Spielberg
Autant je refuse catégoriquement de parler à des personnes qui contesteraient la moindre once de génie chez Woody Allen ou David Lynch, autant je suis prêt à reconnaître quelques failles dans l'oeuvre de Spielberg : je veux bien croire qu'il a participé, avec la nouille Georges Lucas, à une certaine infantilisation et décérébralisation du cinéma américain - nivellement par le bas dont nous subissons hélas toujours les effets.

Mais bon, comment ne pas être immensément admiratif d'un cinéaste qui a effrayé le monde entier avec Jaws, l'a fait pleurer (moi le premier) avec La liste de Schindler, l'a amusé avec Catch Me If You Can ou La Guerre des Mondes, l'a traumatisé avec Saving Private Ryan ou l'a fait vivre (tout simplement) avec ce chef-d'oeuvre du divertissement qu'est la trilogie Indiana Jones. Derrière cette productivité hallucinante, je sens chez Spielberg un vrai respect de son spectateur et un réel amour du cinéma et je suis prêt à me battre à mains nus avec les snobs du cinéma intello qui ne voient en lui qu'un saltimbanque.

4. Martin Scorsese
Les Affranchis, le plus beau film de gangsters que j'ai pu voir, et un des plus beaux films tout court, donne par défaut une bonne place à Martin Scorsese. Ensuite, il y a évidemment Taxi Driver, Raging Bull et Casino, dans lesquels les histoires quasi-bibliques et les interprètes bigger than life insufflent une grandeur qui est de l'ordre de l'épique. Et j'ai une tendresse particulière pour Mean Streets, film-matrice dans lequel Robert de Niro crève l'écran par son insouciance et sa douce folie.

La religiosité des films de Scorsese, loin de les plomber, leur donne pour moi un souffle à nul autre pareil - décuplé par une science cinématographique incroyable (ah ce plan-séquence des Affranchis !).


5. Francis Ford Coppola
Après Scorsese et Spielberg, il est vrai que c'est un peu facile de citer Coppola. Mais bon, je dois avouer que la fresque Apocalypse Now, par son esthétisme, son lyrisme, sa dimension résolument poétique et son refus du réalisme (enfin, c'est pas vraiment un refus, c'est plutôt un point de vue qui n'est pas dans la réalité, un point de vue qui n'appartient qu'au cinéaste et dans lequel il parvient miraculeusement à nous faire rentrer, à l'opposé du documentaire en somme), bref j'avoue que ce film me fascine profondément.

Ensuite, dans des genres radicalement différents, j'admets deux gros faibles pour Peggy Sue Got Married et Dracula (et oui ... malgré l'endive Keanu Reeves). Et, me direz-vous, la trilogie du Parrain ? Et bien, là aussi j'avoue, oui j'avoue que je ne suis pas emballé par cette trilogie, certes magistralement interprétée et scénarisée, mais manquant pour moi d'un je-ne-sais-quoi pour la rendre aussi flamboyante qu'un chef-d'œuvre de Scorsese. Je les ai vus trop tard je crois.

6. Brian de Palma (encore un barbu)
On continue dans la facilité et dans le courant de ces wonderkids qui, au début des années 70, ont réinventé le cinéma américain et le cinéma tout court par la même occasion. Je suis loin d'avoir vu tous les films de De Palma mais je suis vraiment admiratif de l'insistance qu'il donne à la forme de ses films. Bien qu'étant un héritier auto-proclamé d'Hitchcock, je le vois pour ma part comme un Dario Argento américain : tant pis pour l'histoire, tant pis pour les acteurs, la virtuosité formelle compte über alles.

Cette volonté de faire des plans superbes et des mouvements de caméra grandioses donne par exemple Carrie, chef-d'oeuvre qui va bien au-delà d'un 'simple' film d'angoisse. Parfois, cela nous donne des films controversés mais que j'aime beaucoup : Phantom of the Paradise, Snake Eyes ou Les incorruptibles (que je trouve brillantissime, quoiqu'on en dise). Hélas, ça donne aussi parfois de belles horreurs clinquantes et putassières comme Scarface mais je suis toujours vivement intéressé par ces cinéastes qui sont en quête de beauté esthétique pure. Il me tarde vraiment de voir Furie, Obsession & Redacted.

7. Michael Cimino
Il n'est pas mort donc on peut dire qu'il est encore en activité - bien que je ne sois pas sûr qu'il fasse encore des films. Mais, ne serait-ce que pour The Deer Hunter, Michael Cimino mérite largement d'être parmi les plus grands. J'ai déjà parlé sur ce blog de ce film époustouflant qui m'avait rendu amoureux de Meryl Streep (alors qu'elle est même pas belle !) et dont la scène de roulette russe avait engendré chez moi quelques nuits blanches (j'avais 17 ans).

A côté de ça, j'ai du m'endormir devant Heaven's Gate il y a 10 ans, je garde un bon mais confus souvenir de L'Année du Dragon et je n'ai carrément pas vu The Sunchaser et Le Sicilien (Christophe Lambert, bigre !). Quand j'ai le cafard, je regarde, re-regarde et regarde encore cette scène magique de Deer Hunter - pour Christopher Walken et son déhanché hors du temps, pour John Cazale et sa sincérité, pour le sérieux et la casquette de Robert de Niro.

8. Paul-Thomas Anderson
Bon là, je commence à rentrer dans le domaine de l'escroquerie parce que je n'ai vu que Boogie Nights mais ce film m'a tellement impressionné (et ce type est encore très jeune) que j'ai tout de suite eu envie de le placer parmi les grands.

Moi qui aime les plan-séquences, j'ai été plus que gâté dans ce film brillant sans être clinquant - une sorte de relecture des Affranchis dans le milieu du porno.

Je sais, je sais, il faut que je voie Magnolia et There Will Be Blood.



9. Sofia Coppola
Un choix un peu moins défendable mais plus honnête dans la mesure où j'ai vu chacun de ses trois films : le gracieux Virgin Suicides, l'émouvant Lost in Translation et le moins bon Marie-Antoinette. Sofia Coppola est encore jeune, elle traine beaucoup de casseroles avec elle (sa filiation, son côté un peu trop dans l'air du temps) mais j'ai envie de croire qu'elle va continuer à nous surprendre et nous charmer.

10. (ex-aequo) Steven Soberbergh & David Fincher
Je ne connais pas complètement, parfois j'aime, parfois moins. Voilà voilà. (et si les Cahiers du Cinéma veulent m'embaucher, no soucy). Mention spéciale à Sex, Lies & Videotape ainsi qu'à Zodiac tout de même.

Non classés
- Quentin Tarantino : serait dans mon top 10 si il n'était pas autant surcôté et si content de lui. 2 premiers films et 2 chefs-d'œuvre. Après, je suis très sceptique et très refroidi par les louanges unanimes qu'il reçoit.
- Clint Eastwood : j'en ai vu trop peu pour juger. Au-delà de Mystic River qui m'a bouleversé, de Million Dollar Baby qui m'a ému tout court d'Un Monde Parfait qui m'a intéressé, j'en ai raté plein que je veux voir (Impitoyable, Dans la ligne de mire) et plein d'autres qui m'ont été tellement déconseillé que je reste hésitant.
- Les frères Coen : évidemment, il y a le méga-LOL Big Lebowski, que j'aime sincèrement. Mais bon, avant, après, les deux frères nous servent des films qui sont vraiment trop peu sincères pour que j'accroche. Je ne suis pas votre pote les gars, et je n'ai pas envie de l'être, alors arrêtez de me donner une tape dans le dos en me disant "Tu vois ce que je veux dire ?". Non, je ne vois pas. Leur cinéma est ultra-surcôté, et ne restera pas.

Même pas dans mon top 200.000

Darren Aronofsky : je n'ai vu ni Pi, ni The Foutain, ni The Wrestler mais Requiem for a Dream est un film tellement ignoble que je jette le bébé avec l'eau du bain en pleine conscience de ma mauvaise foi.

Ce type est un escroc, un menteur, un salaud. Pouah.

Yoghurt Mudflap etc

jeudi 1 octobre 2009

En mode 'j'ai pas le temps d'écrire mais pourtant j'en ai l'envie alors hop hop hop ...'

J'ai enfin réussi à remettre la main sur une veille chanson qui m'avait longtemps obsédé et dont je n'arrivais absolument pas à me souvenir du titre (so last decade, ce genre de problèmes non ?).

Bref, au-delà d'une ligne de basse fatale, au-delà d'un flow des plus smooth, au-delà de cette mélodie qui tue, vraiment, j'adore le nom de la chanson et le nom du groupe : voici donc Yoghurt Mudflap (?) par The Mexican (??).

Une petite bombe underground qui mérite largement les vivats de la foule. A propager, à diffuser (et je suis preneur de toute info sur ce groupe : qui sont-ils ? que sont-ils devenu ?).








The Mexican - Yoghurt Mudflap

Maintenant que j'ai retrouvé la mémoire, je me souviens que j'avais découvert cette dernière chanson sur une étonnante compile, Straight Out from the Cat Litter Vol. 2 (dont la pochette fait très lolcat avant l'heure - pour les geeks avertis), compilation sur laquelle on trouvait cet excellent titre des norvégiens de Pépé Deluxe .

Et ça, ça devrait faire tilt dans vos oreilles aiguisées. Mais si, souvenez-vous, la période fin 90s / début 00s : le bug de l'an 2000, la défaite de Gore, Loana et ... les jeans twistés de Levi's. Et bien, c'était Pepe Deluxe qui faisaient la BO de cette pub Levi's. C'est vrai, les pubs Levi's ont apporté beaucoup d'horreurs (je suis encore crispé en repensant à Babylon Zoo) mais, 10 ans plus tard, celle-ci reste franchement jouissive.








Pepe Deluxe - Woman In Blue

Et puisqu'on est dans les vieilleries tendance WTF, j'en profite pour poster un autre titre des 90s qui me fascine terriblement, à savoir le fameux Hobo Humpin' Slobo Babe des suédois de Whale.

Démarrage grungy pied au plancher, arrivée à 25'' de la voix féminine faussement naïve sur une ligne de basse des plus groovy, refrain destroy avec de grosses guitares bien sales, les "Yeah yeah yeah" hurlés régulièrement (à 1'35 par exemple) et surtout ce "Yoooo .... Hobo Humpin' Slobo Babe" aboyé à 3' pile en fin de break.
Le défouloir parfait.








Whale - Hobo Humpin' Slobo Babe

Et j'adore par-dessus tout le clip ha-llu-ci-nant de ce titre : on nage en plein délire avec ces deux guitaristes en robe aux allures de catcheur qui font mine de s'arracher la mâchoire ou cette fille avec son appareil dentaire et sa robe Vichy qui inspecte des aisselles d'adolescents. On navigue entre Jodorowsky, Bunuel et David Lynch, c'est ahurissant - et assurément très réussi.

Si vous avez passé comme moi les années 95-2000 à vous abreuver de Boulevard des Clips sur M6 entre 1h et 4h du matin, vous vous en souviendrez sûrement.