La Marquise d'O...

samedi 18 avril 2009

Die Marquise Von O
Eric Rohmer, Fr-All, 1976


Terminons cette super mini-série de portraits de femmes par La Marquise d'O, film relativement atypique dans la filmographie d'Eric Rohmer - et qui est d'ailleurs un des deux long-métrages du maître que je n'avais pas encore vus (il ne me manque plus que Le Beau Mariage maintenant).

Pitch : nous sommes au 17e siècle dans une petite ville de Prusse. Lors de la prise d'assaut de cette ville par une armée étrangère, la Marquise d'O (Edith Clever), jeune et jolie veuve, est sauvée des pillards par un comte-officier de l'armée assaillante (Bruno Ganz dans son premier rôle). Ce jeune comte va faire preuve d'un étonnant empressement en demandant la Marquise en mariage, immédiatement après ces événements. La Marquise réserve sa réponse et réalise quelques semaines plus tard qu'elle est enceinte. De qui a-t-elle bien pu tomber enceinte ?

Comme j'ai du mal à écrire en ce moment, je serai bref. Tout ce que je peux en dire rapidement, c'est que La Marquise d'O est un film d'une rare beauté. Un peu comme dans Barry Lyndon de Kubrick, chaque plan est un tableau magnifiquement composé et éclairé. Nestor Almendros, le directeur de la photographie de Rohmer, n'a jamais caché qu'il s'était directement inspiré d'oeuvres de Greuze, Ingres ou Füssli pour composer les plans du film.

Comme dans tout bon film de Rohmer, les dialogues sont un vrai régal, ciselés comme de la dentelle et très littéraires, ce qui n'a rien d'étonnant car il s'agit d'une fidèle adaptation du livre éponyme d'Heinrich von Kleist. La Marquise d'O est donc un film en allemand, ce qui rajoute (pour moi) une exquise touche de préciosité et d'élégance. Plus ça va, plus j'aime la langue allemande au cinéma. Je trouve ça très chic.

Dernière chose : Edith Clever est époustouflante. Malgré toute la retenue que lui impose son rôle et son texte, elle fait preuve d'une présence et d'une vitalité impressionnantes.

Bref, encore un indiscutable chef-d'œuvre signé par le plus grand des cinéastes. Un film qui élève l'intelligence et le goût de la beauté à des niveaux que nul autre n'atteint. Eric Rohmer est décidément un artiste hors norme, hors des modes, hors du temps, éternel.

La divine marquise

La Marquise en plein désarroi
"Le Cauchemar" de Johann Füssli (1781)

Et ce plan me fait bigrement penser ...
... à ce portrait de Mme Récamier par David

Edith Clever et Bruno Ganz
Un plan digne d'un tableau de Vermeer


Notons que ce film a connu à l'époque un très bon démarrage en Allemagne car les spectateurs croyaient qu'il s'agissait de la suite d'Histoire d'O ! Les amateurs d'érotisme gentiment mâtiné de sado-masochisme ont du être quelque peu décontenancés par l'austérité rohmérienne de ce film.

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