La Disparition

jeudi 26 février 2009

Salut à tous ! Jouons un brin : ami qui lis mon post, sauras-tu voir un court mot, pourtant courant, mais manquant ici ? Un pin's parlant par gagnant.

Allons-y aujourd'hui pour trois chansons qui ont fini au top sur mon iPod (sur mon MacBook aussi).

Jacno, pur dandy 80s pas tout à fait jovial, nous a pondu un vrai hit, circa 1980, qui passa jamais à la radio (ignorants !), tombant dans un oubli profond. Pour information, j'ai ouï la chanson sur un CD plutôt canon : So Young But So Cold (pour l'avoir : ici).

Voici donc un air addictif, pop, sans aucun chant : du vrai bon travail, tout à fait jouissif, qui aurait du finir au TOP 50 !








Jacno - Triangle


Continuons dans l'anti-folk (cf mon post ici) sur un air plaintif mais doux. Mon cordial ami Louis m'a introduit à l'anti-folk, un courant toujours passionnant, via un CD au nom amusant : Colmar K7.

Là, dans la chanson, tout m'a paru parfait, surtout pour mon conduit auditif, qui bourdonnait, qui avait mal.








Prewar Yardsale - The Life of my Party


Finissons par là : Coconut Madam, chanson pop-folk, un truc pas signifiant (ou alors j'ai pas compris) mais plutôt tout doux. Grosso modo, ni un tango, ni un fox-trot !

Un air sorti il y a moins d'un an, tout sauf irritant, fait pour dormir donc.








Emily Loizeau - Coconut Madam


Ça suffira pour aujourd'hui - fatigant tout ça, plus dur qu'on croit.

Merci pour le Chabrol

mercredi 25 février 2009

A l'heure où sort son dernier film, Bellamy, que je vais sans doute boycotter en raison de la présence de Clovis Cornillac, je me suis rendu compte que j'avais de grosses lacunes dans la filmographie de Claude Chabrol. Shame on me. En route donc pour quelques unes de ses oeuvres les plus connues

Les Biches (1968)
Dans son prologue, le film présente des éléments qui avaient tout pour me plaire : la rencontre d'une fille un peu perdue (Why, Jacqueline Sassard) avec une belle femme riche (Frédérique, Stéphane Audran), de lourds sous-entendus saphiques, une villa de bord de mer, des trajets en décapotable luxueuse, un temps qui semble suspendu, une oisiveté assumée. J'avais vu le nom de Jean-Louis Trintignant au générique et, en me frottant les mains d'avance, j'attendais son arrivée au milieu de ce duo de filles si troublant.

Malheureusement, avant l'intervention d'un des mes acteurs favoris, on doit supporter les clowneries de Riais et Robèque, les deux pique-assiettes qui parasitent la villa de Frédérique et tout le film par la même occasion. Je ne comprends pas ce qu'ils font là : j'ai rarement vu des types aussi peu drôles et exaspérants. Quelle idée, mais quelle idée, de les avoir inclus dans le scénario ! Chacune de leurs apparitions est un vrai calvaire, un test renouvelé de la maîtrise de nos nerfs. Ces deux connards finissent par disparaître une demi-heure avant la fin. Ouf ! Hélas, ce qui suit ne m'a pas franchement emballé : on retombe dans une espèce de drame psychologique qui tourne doucement, tout tout doucement, au thriller. Les personnages deviennent figés, silencieux, et la si belle tension érotique du prologue a complètement disparu. L'ennui guette et le mot Fin apporte une délivrance certaine.

Il reste tout de même de splendides images et une très belle interprétation. La scène de séduction entre Jean-Louis Trintignant et Stéphane Audran est prodigieuse. En plaçant cette scène dans une maison en construction, vide, sans fenêtre et sans meuble, Claude Chabrol obtient une forme de dépouillement très théatrale qui met parfaitement en valeur la justesse des acteurs et l'universalité du propos. Ce propos c'est les jeux de l'amour, bien sûr ! De son côté, Jacqueline Sassard, mi-ingénue, mi-psychopathe, mais totalement paumée, préfigure la Sandrine Bonnaire de La Cérémonie. Mais n'anticipons pas et avançons de 2 ans avec ...

Mais virez-moi ces deux guignols putain !


Le Boucher (1970)
Stéphane Audran toujours. Saviez-vous qu'elle était la femme de Chabrol ? Ici elle joue une institutrice fraîchement arrivée dans un petit village très chabrolien justement où, le temps d'un mariage, tous les notables nous sont présentés. Parmi eux, nous trouvons Jean Yanne, le boucher, dont la bonhomie ne peut nous laisser deviner à quel point il a été marqué par la guerre d'Algérie. Au moment où nous pressentons les prémisses d'une histoire d'amour entre nos deux protagonistes, une série de meurtres sanglants met en émoi le village.

Un peu comme pour Les Biches, le film démarre fort bien : la présentation du cadre, des lieux et de l'intrigue est remarquable d'efficacité. Tout cela est introduit de manière subtile, sans effet appuyé, sans grosses pancartes fléchées. Je garde un très bon souvenir de ce long travelling lors de la scène inaugurale de mariage, travelling qui se termine par un zoom sur nos deux héros qui font gentiment connaissance. Mais plus tard, quand l'intrigue policière se met en place, j'ai l'impression que le rythme ne suit pas. Ça reste très lent, calme, presque dénué de vie. On ne ressent qu'une légère curiosité peut-être (est-il coupable ou pas ?) mais aucune tension.

En étant très sévère, j'aurais envie de dire à Chabrol : quand on n'a pas les moyens (éclairages, rythme, cadrage) de faire un thriller, on n'en fait pas. Je concède que ce propos est exagéré et prétentieux eu égard à ma méconnaissance relative de sa filmo. Mais autant je trouve que les réalisateurs français post-1960 excellent dans la comédie de mœurs douce-amère, autant ils peinent à me convaincre dans les films dits de suspense. Et ça reste vrai de nos jours : tous les Mais qui a tue Bambi ?, Harry un ami qui vous veut du bien, Lemming et autre La Sentinelle m'ont toujours laissé perplexe. Je trouve que les intrigues, fortes, avec des meurtres et tout, y sont traités de la même manière qu'on traiterait du marivaudage : sans tension, rythme ou image forte. Depuis l'antédiluvien Diaboliques de Clouzot, je suis incapable de nommer un thriller français digne de ce nom.

Bref, tout cela ne me convainc pas et Le Boucher m'a laissé un arrière-goût d'ennui, malgré l'interprétation parfaite de Stéphane Audran et Jean Yanne, et malgré tout le talent de Claude Chabrol dans sa description psychologique des petits notables de province.

Stéphane Audran et Jean Yanne
Main ensanglantée sur ciel bleu : un superbe plan

A propos du Comte de Monte-Cristo

lundi 23 février 2009

Le Comte de Monte Cristo
Alexandre Dumas, 1848, 1455 pages


Quelques mots sur Le Comte de Monte-Cristo que je viens de lire pour la première fois. Votre serviteur n'a aucunement la prétention d'en faire une critique approfondie - étant à mille lieux d'avoir les armes littéraires suffisantes pour disserter proprement sur ce classique. Alors .... que dire ?

Et bien, à défaut d'avoir un style époustouflant et un propos percutant, je trouve que Dumas parvient brillamment, de rebondissements en scènes épiques, à tenir en haleine son lecteur. Le Comte de Monte-Cristo semble avoir été écrit pour illustrer l'expression "se lire comme un roman".

Au-delà de ce premier constat basique, la lecture de cet ouvrage m'a permis d'approfondir et de clarifier un concept qui n'était pas encore formé très clairement dans mon esprit. De manière générale, on retrouve ce "concept" chez les héros de fiction, que ce soit en littérature, au cinéma, en bande dessinée ou même dans la mythologie. Le concept dont je parle est celui des héros inhumains.

Qu'entends-je par héros inhumain ? Il s'agit d'un personnage monolithique, sur lequel le déroulement du livre (ou du film) ne semble pas avoir prise. D'ailleurs, rien n'a prise sur le héros inhumain. Ni le temps, ni les autres personnages, ni même les circonstances. Un héros inhumain ne dévie pas d'un iota d'un bout à l'autre de l'histoire. Par son manichéisme, par sa prévisibilité, par son absence d'aspérité qui me permettrait de m'y "agripper', un héros inhumain a tendance à m'ennuyer. Dans Le Comte de Monte-Cristo, la multiplication des héros inhumains est le principal reproche que je pourrais adresser à ce livre.

Mais il est sans doute plus facile de définir le héros inhumain par l'exemple. Le Comte de Monte-Cristo, alias Edmond Dantés, est évidemment inhumain - en dehors des 200 premières et 200 dernières pages. Pendant tout le gros du bouquin donc, notre héros est vraiment un Jedi dans toutes les catégories : il est omniscient, parle toutes les langues et écrase tout le monde par sa grandeur. Quand il s'entraîne au pistolet, il ne rate jamais son coup. Quand il achète un cheval, c'est le plus racé de tout le pays. Quand il reçoit à diner, il sert les mets les plus exquis. Il a toujours la réplique qui tue et n'est jamais pris en défaut sur aucun sujet. C'est dommage ! J'aimerais tant le voir bafouiller, hésiter, se prendre les pieds dans le tapis ou tomber sur une pomme pourrie parmi ses corbeilles de fruits exotiques.

Mais après tout, pourquoi pas, l'inhumanité du comte de Monte-Cristo (par opposition à Dantès qui est un humain comme vous et moi) est un peu l'idée centrale du livre : la méchanceté des hommes l'a rendu ainsi. Ça m'ennuie mais j'accepte le principe. Ce qui me gêne un peu c'est qu'on trouve également autour de lui beaucoup (trop) de personnages inhumains. Le serviteur Ali est l'homme le plus fort du monde, dévoué au-delà de l'entendement et ne rate jamais la moindre action qu'il entreprend. Son esclave Haydée est la plus belle des femmes, la plus raffinée, la plus intelligente et elle ne dit jamais un mot de travers ou ne rote à table. La jeune Valentine de Villefort est bonne comme du bon pain, d'une douceur infinie et ne sera jamais traversée par la moindre pensée impure. Morrel gardera une pureté de cœur extrême sur 1500 pages etc etc. Ad nauseam. Du coup, j'ai tendance à m'intéresser aux méchants qui me paraissent un peu plus humains et donc presque plus sympa.

Je pense qu'Alexandre Dumas avait sous les yeux un dictionnaire des superlatifs pour écrire son livre. On a parfois envie de lui dire "Bon OK, on a compris, pas la peine d'en rajouter des tonnes. Raconte-nous plutôt des histoires et des péripéties ! "

Et attention, un héros inhumain n'a rien à voir avec un héros irréaliste. Ainsi que je l'ai déjà dit dans ces pages, je suis toujours friand d'un artiste (cinéaste, écrivain) qui déforme la réalité pour illustrer un propos. Le réalisme m'importe peu. Certains super-héros par exemple ont des super-pouvoirs et restent humains dans le sens où ils doutent, tâtonnent et avancent de manière non linéaire. Spiderman en est une bonne illustration.

Donc peu importe le réalisme. Je suis prêt à accepter des histoires abracadabrantes du moment que les personnages suscitent de l'attachement, de la compassion, de la compréhension, de l'identification ou au contraire de la répulsion, du dégoût, du rejet. Tous ces sentiments, positifs comme négatifs, font vivre le spectateur/lecteur et ne sauraient être suscités par les robots que sont les personnages inhumains. Ceux-ci, par l'immuabilité de leurs comportements, ne sont que des éléments du décor, des circonstances. Et donc insuffisants pour insuffler de la vie dans ces œuvres.

L'ingénieur que je suis trouve qu'il vaut mieux illustrer tout cela par un bon tableau à deux entrées.




Héros inhumains
(qui en général m'ennuient)
Héros humains
(qui en général m'intéressent)
Littérature
- Le comte de Monte Cristo
- Tous les personnages des livres d'André Malraux, y compris et surtout lui-même

- Arsène Lupin
- Cyrano de Bergerac
- Julien Sorel (Le Rouge & le Noir), Georges Duroy (Bel-Ami), Madame Bovary, Rob Fleming (High Fidelity)
Cinéma
- Luke Skywalker
- Tous les gars du Seigneur des Anneaux et en particulier Orlando Bloom
- Capitaine Conan et plus généralement les personnages interprétés par Philippe Torreton
- Sarah Connor
- Le Capitaine Fracasse et de manière plus générale, tous les héros de films de cape et d'épée des années 50 interprétés par Jean Marais ou Gérard Philippe
- James Bond la plupart du temps

- Dark Vador
- Spiderman (je parle des trois films récents)
- Tous les personnages des films de Rohmer
- Les filles de Sex & The City
- HAL dans 2001 Odyssée de l'Espace
- Big Lebowski
et puis, par extension, tous les vrais gens de la vraie vie, en dehors de Clovis Cornillac et Marc-Olivier Fogiel bien sûr
BD
- Largo Winch
- Buck Danny, et son pote Tumbler

- Tintin
- Adèle Blanc-Sec
Mythologie
- Jésus de Nazareth
- Antigone

- Orphée (mais pourquoi s'est-il donc retourné, le bougre d'âne)
- Achille, Zeus


Bref, Le Comte de Monte-Cristo, c'est un excellent livre de vacances mais je crois que je l'ai découvert à un âge un peu trop avancé pour ne pas être gêné par l'inhumanité du héros.

Séance de rattrapage

mardi 17 février 2009

A force de faire des billets-fleuves blindés de photos, j'accumule beaucoup de retard dans ma recension de films vus récemment - alors qu'au départ l'idée était juste de noter, brièvement (hum), quelques impressions. Je fais ici un essai de tir groupé de films qui m'inspirent moins.

The Visitor (Thomas McCarthy, 2008)
Walter, professeur d'université veuf et austère, fait la rencontre inopinée de Tarek, jeune réfugié syrien et joueur de djembé. Contres toutes attentes, le courant passe entre les deux hommes. J'ai eu un gros moment de panique au bout d'une demi-heure car The Visitor avait l'air de s'orienter vers un film d'apprentissage musical - orienté djembé. En fait non, le film devient sérieux, humain et intéressant lorsque Tarek commence à avoir des ennuis avec les services d'immigration.

Malgré un scénario assez convenu et un propos légèrement manichéen, The Visitor nous présente des personnages attachants et bien vivants. Je pense en particulier à la mère de Tarek, femme drapée d'une dignité très élégante mais non dénuée de sensualité. Dans le genre "film de clandestins qui galèrent à New York", j'avais toutefois préféré Once We Were Strangers (Emanuele Crialese, 1997) qui débordait de vitalité.


Ma Petite Entreprise (Pierre Jolivet, 1999)
Malgré des choix de carrière pas toujours très heureux (La Belle Histoire, L'Avion, L'Etudiante euh euh), j'aime bien Vincent Lindon, son air de chien battu, son côté lunaire et sa diction si particulière qui ressemble presque à du Woody Allen. On le retrouve ici dans le rôle d'un petit patron d'une entreprise de menuiserie qui va enchaîner les galères professionnelles, sentimentales et familiales.

J'ai vraiment apprécié le cadre dans lequel se déroule l'histoire, qui est une espèce de banlieue parisienne anonyme, sans histoire et sans charme, mais qui sonne très réelle. Ça change du parquet-moulure-cheminée des films d'auteurs, des cités qui font très cité ou de la province qui fait très province comme chez Chabrol.

Au-delà du cadre, Ma Petite Entreprise a une liberté narrative que je trouve assez rare, doublée d'une interprétation impeccable. François Berléand est parfait en assureur véreux et j'aime beaucoup Catherine Mouchet dans le rôle de la secrétaire enamourée. Avec son happy end artificiel, Ma Petite Entreprise devient presque une fable sur la solidarité et la débrouille : on pense alors à Frank Capra. Ces pieds nickelés de la combine foireuse sont très attachants et on est sincèrement content de les voir s'en sortir in fine. Un film réjouissant.



Go West / Ma vache et moi (Buster Keaton, 1925)
Je ne serai pas dithyrambique sur Go West comme j'ai pu l'être sur Steamboat Bill Jr. Je trouve que l'intrigue se met ici en place avec une certaine lourdeur : un jeune new-yorkais, inadapté à la vie citadine, décide d'aller tenter sa chance dans les grandes plaines de l'Ouest ("Go West, young man"). Évidemment, il va se révéler catastrophique dans son nouveau métier de cowboy. Les gags de la première demi-heure m'ont paru un peu lourds, un peu forcés. Le décalage permanent de Keaton avec le reste du monde va être ici illustré par la profonde amitié qui le lie à une vache (oui oui !), elle-même un peu exclue du troupeau. Les marginaux se rencontrent ...

Le morceau de bravoure final, constitué d'un débarquement de 5000 vaches dans les rues de San Francisco, est tout de même impressionnant et riche en images fortes (on retrouve cette scène dans l'immonde Australia tiens). D'un point de vue mise en scène, je garde également un bon souvenir de ce plan où Keaton, à qui l'on propose la main de la riche et belle héritière, s'avance vers elle pour finalement ... se jeter sur sa vache adorée. C'est joli mais c'est un peu trop n'importe quoi à mon sens : Keaton est vraiment TROP inadapté (trop à l'Ouest ah ah) pour qu'on s'identifie et qu'on s'attache à lui. Mais rappelons-le, ça reste malgré tout du grand grand cinéma.

Keaton avec la seule personne qui le comprend


Zéro de Conduite (Jean Vigo, 1934)
Quelle déception ... J'attendais tant de ce film vénéré par les cinéphiles, longtemps interdit par les censeurs, et qui donne son nom à la vedette qui relie le MK2 Quai de Seine au MK2 Quai de Loire. Peut-être le statut "mythique" de Jean Vigo, cinéaste anarchiste mort à 29 ans, contribue-t-il à sur-coter ce film. Je ne sais pas.

Quoiqu'il en soit, j'ai été très décontenancé par la forme de Zéro de Conduite : l'histoire que ce film raconte (des élèves pensionnaires se rebellent contre l'autorité des maîtres et des surveillants) est exposée de manière assez confuse, avec des scènes qui paraissent inutiles, d'autres absurdes, donnant une impression d'inachevé. Si il y a une poésie dans ce film, je suis complètement passé à côté. Globalement je n'ai rien compris à Zéro de Conduite, d'autant plus que sur la copie que j'ai vue, la bande-son était très mauvaise, rendant les dialogues inaudibles.

Il me reste toutefois une impression générale forte, celle d'une rage sincère, d'une envie d'en découdre et d'un violent coup de pied dans la fourmilière de l'establishment. Je garde aussi en mémoire ces beaux derniers plans des élèves sur les toits de l'école, vainqueurs enthousiastes et dérisoires, jetant sur l'autorité tout ce qui leur tombe sous la main. Bizarrement, cette représentation de l'anarchie me rappelle beaucoup les scènes de rébellion de Auch Zwerge Haben Klein Angefangen, ce film a-hu-ri-ssant de Werner Herzog sur une révolte de nains dans le désert du Mexique (celui-là pour le coup, je vous le recommande chaudement : absolument terrifiant et très émouvant, un film inoubliable).

Bon, plus que 32 films de retard.

I tre volti della paura

jeudi 12 février 2009

Black Sabbath / Les Trois Visages de la Peur
Mario Bava, 1963


Ah ça y est, j'en tiens un : un grand, grand film de Mario Bava. Victoire ! Après Danger: Diabolik, joli mais trop décérébré, et Planet of the Vampires, qui m'a laissé plutôt perplexe, je suis vraiment content d'avoir persévéré dans la veine Bava, grâce notamment aux bons conseils du spécialiste ROBO32.EXE (quel pseudo ... à la hauteur de son blog que je vous recommande et qui est une vraie mine d'or de culture bis).

Black Sabbath (appelons-le comme ça) est avec Suspiria un des meilleurs et des plus beaux films d'épouvante que j'ai jamais vus. En tous cas le plus effrayant : je l'ai vu lundi soir, seul, à une heure avancée de la nuit, le soir où la tempête frappait Paris et cognait à mes fenêtres et, pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai vraiment eu peur ! Franchement, je ne me souviens pas d'avoir eu si peur en regardant un film depuis .... euh ... depuis Le Cauchemar de Dracula de Terence Fischer que j'avais vu beaucoup trop jeune, à l'âge de 10 ans je crois. Au-delà de ce sentiment de douce terreur, si rare et si précieux au cinéma, j'ai été subjugué par l'ébouriffant spectacle visuel que nous offre Bava dans chacun des épisodes qui constituent ce film.

Black Sabbath est composé de trois moyens-métrages de 30 minutes environ, qui se déroulent chacun dans des environnements et à des époques différents, mais qui illustrent, comme indiqué par le titre original, les trois visages de la peur. Je me suis un peu arraché les yeux à regarder ce film sur un petit écran 13'', en italien, avec des sous-titres portugais (!), surchargés par des sous-titres anglais (!!), mais cela en valait largement la peine.

I. Il Telefono
Il Telefono est le plus court, et peut-être le moins captivant, des trois épisodes - bien qu'il soit de toute beauté. Cette première partie est un peu la rencontre d'Alfred Hitchcock et d'une histoire extraordinaire d'Edgar Poe.

Une jeune femme (la belle Michèle Mercier, dont on a pu apprécier la plastique dans Tirez sur le Pianiste de Truffaut, avant qu'elle devienne Angélique, Marquise des Navets) reçoit chez elle d'inquiétants coups de fil : une voix mystérieuse lui répète des menaces de mort à exécution immédiate. L'auteur de ces appels paraît l'épier car il est au courant de ses moindres faits et gestes : "tu aurais du garder ta robe", "inutile de bloquer la porte" etc. Terrifiée, elle appelle une amie qui vient la rassurer. Mais cette amie est-elle vraiment pétrie de bonnes intentions ?

Cet épisode ressemble bigrement à la série Alfred Hitchcock Présente : action très resserrée, unité de lieu, nombre de personnages réduit, utilisation du téléphone comme moyen de terreur. D'Hitchcock on retrouve également une certaine élégance dans la photographie, les costumes, la mise en scène et l'actrice principale. L'angoisse est ici distillée de manière subtile, sans que rien ne soit explicitée, sans goutte de sang et sans violence graphique. Le twist qui intervient au milieu, avec la révélation de l'auteur des appels, par ce long travelling sur le fil du téléphone, est sans conteste le moment le plus réussi, celui où vos cheveux se dressent sur la tête.

Michèle Mercier dans un plan audacieusement éclairé
Je pourrais poster 45 photos d'elle tellement elle est marquante

Je me demande si Wes Craven ne s'est pas inspiré de Il Telefono pour la première scène de Scream, la meilleure d'ailleurs.

II. I Wurdalak
En très peu de temps, le deuxième épisode expose un pitch que je trouve absolument génial. Ecoutez plutôt : dans un pays reculé, au 19e, deux frères et une sœur attendent le retour de leur père qui est parti à la chasse au Wurdalak, l'équivalent local du vampire, qui terrorise le pays depuis trop longtemps. Avant de partir pour cette périlleuse mission, le père leur a déclaré "Si je ne suis pas revenu dans 5 jours, avant minuit précise, c'est que je serai devenu un Wurdalak à mon tour. Vous ne devrez alors pas m'écouter et me tuer en m'enfonçant une épée dans le coeur". Au jour J, ses enfants l'attendent donc anxieusement en scrutant l'horloge et ... enfin ! voilà le père qui revient ... mais quelques secondes après les douze coups de minuit ! Ah ah ... ce très léger retard est-il suffisant pour dire que le père est devenu un Wurdalak ? Faut-il le croire ? Et son comportement n'est-il pas un peu étrange tout de même ? Le spectateur a quant à lui un gros doute quand il voit que le père est interprété par Boris Karloff, et on finit très vite par avoir peur pour les membres de la maisonnée. Le cadre est posé, le suspens est total.

En moins de 10 minutes, on se retrouve dans une situation très hitchcockienne : le spectateur connait (ou croit connaître, ce qui revient au même) le danger qui pèse sur des personnages qui nous ont été présentés comme attachants, qu'on aimerait "sauver" et qui apparemment ne se doutent de rien. Dès lors, l'angoisse s'immisce dans chaque séquence et il est difficile de ne pas trembler à chaque porte qui s'ouvre de manière suspecte, à chaque ombre qui longe un couloir, à chaque grincement fugitif.

Apparition de Sdenka : quelle belle lumière, quelle belle image (et quel beau visage)

Mais I Wurdulak est plus qu'un Hitchcock-like. En plus de nous raconter une histoire très ramassée, passionnante et pleine de rebondissements, Mario Bava fait preuve d'une créativité visuelle absolument prodigieuse. Chaque plan est un feu d'artifice de couleurs vives, d'éclairages baroques et de visages expressionnistes. Les décors sont étonnants, en particulier les alentours de l'auberge envahis de fumée bleue, la crypte qui déborde de toiles d'araignée multicolores ou cet espèce d'abbaye en ruines absolument cauchemardesque. J'ai été également séduit par les superbes mouvements de caméra, jamais trop appuyés, qui révèlent soudainement un personnage ou un objet qui nous était jusque là caché.

Le retour du père à l'auberge familiale
Laisseriez-vous Boris Karloff rentrer chez vous ?

L'abbaye en ruines (éclairage bleu !)
Nos héros dans la crypte (éclairage vert !)

Plan impressionnant d'un jeune Wurdalak
Dernière image, à vous faire retourner sous la couette


III. Goccia d'acqua (Goutte d'eau)
Après I Wurdalak, on pourrait croire que la tension va retomber un peu pour le dernier épisode de cette divine trilogie. Pas du tout, Black Sabbath avance crescendo et Goccia d'acqua se révèle encore plus angoissant que les autres.

Le scénario est assez simple : une infirmière de nuit est tirée de chez elle pour apporter des soins post-mortem à une vieille femme qui vient de mourir. Notre infirmière arrive dans l'étrange demeure baroque de la défunte qui, au lieu d'arborer le visage serein de la mort, porte sur elle un rictus des plus terrifiants. On découvre qu'elle menait une vie pas très catholique, à base de messes noires et de spiritisme. Malgré toute l'angoisse qu'elle ressent à la vue de cet ignoble cadavre dont les yeux ne veulent pas se fermer, l'infirmière dérobe la bague de la vieille. Non, vraiment non, elle n'aurait pas du voler la bague d'une vieille sorcière (on le sent d'ailleurs, on a envie de lui crier "ne vole pas cette bague !") car, une fois rentrée chez elle, elle va enchaîner les plans loose les plus angoissants. Cet épisode se termine par un twist final absolument phénoménal - que je ne vous raconterai pas - mais qui fait que la tension se maintient jusqu'à l'ultime seconde.

Ce que j'ai dit sur I Wurdalak s'applique à nouveau bien pour Goccia d'acqua : au-delà d'une histoire épouvantable (dans le bon sens du terme), les décors & les éclairages sont vraiment bluffants. Je n'ai jamais rien vu de tel. Si vous avez aimé Shining de Kubrick, vous adorerez Goccia d'acqua : apparitions subliminales d'images pétrifiantes, bruits récurrents et angoissants (les fameuses gouttes d'eau), mise en scène ultra-efficace, actrices crédibles etc etc Tout est là pour créer un chef d'œuvre de l'angoisse. Et encore une fois, le suspens est haletant : on tremble pour cette infirmière, certes voleuse, mais à qui on pardonne volontiers, tant on craint les représailles qui la menacent (un peu comme Janet Leigh dans Psycho).

Eclairages irréels, mobilier baroque : le décor vraiment ahurissant de la maison de la défunte.

Belle composition de la défunte sur son lit de mort
La même défunte et son terrible rictus

Le danger est derrière la porte
La vieille passe à l'attaque (ces couleurs !)



Bref ...
... tout cela est très maîtrisé et plus j'y pense, plus je me demande comment Mario Bava a ensuite pu réaliser ces plans si pauvres et si peu chargés d'émotion dans Planet of the Vampires. Peut-être n'est-il au meilleur de sa forme que dans des formats courts. Ça reste à vérifier. Quoiqu'il en soit, je comprends maintenant pourquoi Mario Bava est comparé à Dario Argento - et pourquoi on dit même qu'il en est l'inspirateur.

Pour peu que vous soyez dans de bonnes conditions (seul(e), la nuit, avec une bonne petite tempête dehors), je vous défie de rester imperturbable en regardant I tre volti della paura et de ne pas vous agripper à votre couette en hurlant intérieurement "Attention derrière toi !", "N'ouvre pas cette porte !" ou encore "Sors de là, viiiite !". Maximum respect pour Mario Bava.

BIPPP

mardi 10 février 2009

Bon, je vais lancer une pétition pour qu'on élève une statue à la gloire de JB, l'énigmatique, fantastique, patron du label Born Bad Records. Après la superbe compile Wizzz (dont j'ai parlé ici et ) et l'étonnante soirée Surf Music qu'il avait organisé, je découvre ces jours-ici la compilation BIPPP, sortie sur ce label il y a exactement un an, et je suis encore une fois époustouflé par le bon goût de ce découvreur de génie.


Pour la compile BIPPP, JB a fouillé les fonds de ses bacs de vinyl pour exhumer 13 titres (et autant de groupes), largement inconnus, qui nous proposent une pop synthétique des plus rafraîchissantes, fortement teintée de cold wave très anglo-saxonne.

Ce disque nous montre qu'il existait bien des équivalents français à Visage ou Soft Cell, à cela près qu'ils n'ont jamais percé.


Le morceau de choix de cette compile est Polaroïd-Roman-Photo, qu'il est quasiment impossible de ne pas adorer dès la première écoute. Dans ce titre lent, désincarné et hypnotique, on sent une forte influence de Kraftwerk, sur laquelle se posent des paroles dignes de Gainsbourg avec ses jeux de mots à tiroir et légèrement grivois sur le thème de la photo.
... à base de "Je n'ai pas l'âge d'être sage comme une image" ou encore
Tu sais, je suis si sensible
A la lumière, et inaccessible
Devant ton zoom, mets un filtre rose
Si tu veux, si tu veux, que je pose







Ruth - Polaroïd-Roman-Photo

Dans une veine plus Cure, on trouve également le très énergique Ping Pong. C'est frais, direct, sans fioriture et remarquablement efficace. Suite à la sortie de la compile BIPPP, quelqu'un a fait un clip bien sympa de cette chanson, que je vous recommande vivement : c'est ici.







ACT - Ping Pong

A propos de ping-pong, je profite de l'occasion pour poster ce remix par Vicarious Bliss d'une chanson de Daisy Daisy (que de name dropping dans ce billet !). Après un début très malin et très efficace, la chanson gagne en intensité à partir de 2'10 : la rythmique se durcit, les synthés deviennent plus abrasifs et une langoureuse voix féminine chante des paroles bien sensuelles "Michelle came into my bed / She has long dark hair / She's fff-french". Génial.







Daisy Daisy - Michelle Plays Ping Pong (Vicarious Bliss Match Point Mix)

Pour terminer sur BIPPP (achetez cette compile !), je suis également fan de ce titre de Comix, à mi-chemin entre Plastic Bertrand et Indochine. Au delà de la musique très efficace, j'avoue que cette chanson me plaît par le mauvais goût assumé de ses paroles :
Touche pas mon sexe
Petite fille dévergondée
Ce n'est qu'un prétexte
Petite fille, laisse moi planer
et ces improbables chœurs qui répètent "On pourra jouer à touche-pipi / On pourra jouer à touche-pipi". Du grand et joyeux n'importe quoi. J'adhère.







Comix - Touche pas mon sexe

Enfin, pour jouer au jeu de "qui sample qui", les fans de Busy P, alias Pedro Winter, alias le manager de Daft Punk et de Justice, alias à peu près le mec le plus cool de la terre, bref ces fans-là n'auront pas manqué de remarquer que son titre Rainbow Man, sorti sur Ed Banger l'année dernière, est basé sur un sample de la chanson de Comix. Comparez les 5 premières secondes de Touche pas mon sexe au thème de la chanson ci-dessous : c'est tout pareil.







Busy P - Rainbow Man

Steamboat Bill Jr.

lundi 9 février 2009

Cadet d'eau douce
Charles Reisner & Buster Keaton, 1928


Pitch : après 10 ans d'éloignement, William Canfield (Buster Keaton), dit Steamboat Bill Jr, retrouve son rude gaillard de père qui est capitaine du ferry fluvial Steamboat. Au grand désespoir de ce dernier, notre héros, frêle jeune homme un peu poète, paraît complètement inadapté au métier viril de pilote de ferry que lui destine son père.

Qui plus est, Bill Jr est amoureux de Kitty King, la fille du concurrent détesté de la Steamboat Co. Le père a plus d'une fois envie de déshériter son fils voire de le jeter par dessus bord. Toutefois, après cette première mésentente et des débuts chaotiques, Bill va se montrer héroïque lors d'une tempête qui va ravager la petite ville fluviale dans laquelle se déroule notre histoire ...

Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'agilité physique de notre héros. Comme Chaplin, Buster Keaton est venu au cinéma en passant par la case music-hall. Il est au départ un saltimbanque (sans la moindre connotation péjorative) et cela se voit à l'écran : son corps paraît élastique, il tombe sans se faire apparemment mal, grimpe tel Jackie Chan le long du ferry, se prend un nombre incalculable d'objets dans la figure (tous les cartons du camion par exemple) et finit toujours par se relever, comme insensible à la douleur.

Dans le pitch ci-dessus, j'ai utilisé le mot inadapté à escient. Comme chez Chaplin (toujours), le principal ressort comique nait du décalage. Buster Keaton n'est jamais au diapason de son entourage. En temps "normal", il est complètement perdu et maladroit : il ne sait pas exercer son métier de conducteur de ferry, il n'arrive pas à choisir un chapeau et il descend du mauvais côté du train. A contrario, dans des circonstances exceptionnelles, quand il s'agit de délivrer son père ou quand la tempête s'abat et que toute la population de la ville est complètement désemparée, lui seul garde son sang-froid et fait preuve d'une agilité sans égal. Buster Keaton est drôle car il est toujours à contre-courant de ses semblables.

Ce décalage permanent se prolonge également dans sa relation avec le spectateur : ce dernier "voit " souvent avant lui le danger qui se présente, la peau de banane sur laquelle il va glisser. En plus d'accentuer le côté comique, ce procédé apporte une forme de suspense et on passe son temps à se dire "Aïe aïe aïe, comment va-t-il s'en sortir ?". Et on applaudit à chaque fois car il s'en sort toujours le bougre !

Là, notre héros n'a pas vu le trou à sa droite. Nous oui.
Et évidemment il avance sans regarder => gag !


Le film se termine en apothéose par la séquence époustouflante de la tempête qui ne dure par moins de 12 minutes. Au sein de ce morceau de bravoure pendant lequel il est difficile de reprendre son souffle, tant les gags visuels les plus hallucinants s'enchainent sans le moindre temps mort, on trouve l'une des séquences les plus impressionnantes que je connaisse : la fameuse chute de la façade qui épargne miraculeusement notre héros (cf. images ci-dessous). Quant on pense que cette scène a été réalisée, en une prise, sans aucun trucage, on en tremble encore pour Buster Keaton..


Notre héros, imperturbable dans la tempête, ...
... n'a pas vu la maison derrière lui qui menace de s'effondrer


Même au bout de 15 visions, j'en tremble encore pour lui ...
... qui réalise à peine ce qu'il lui a failli lui arriver


Steamboat Bill Jr est un de ces films où j'ai spontanément applaudi (pour de vrai, tout seul devant ma télé) lorsqu'est arrivé le générique de fin. Bravo, bravo. Il y a dans ce bijou de cinéma une inventivité visuelle, comique et poétique, qui est franchement jubilatoire. Sans jamais tomber dans la mièvrerie, Steamboat Bill Jr réunit le rire et l'émotion avec une virtuosité dont je ne trouve l'équivalent que chez Charles Chaplin.

Qu'est devenu le cinéma burlesque de nos jours ? Quel acteur joue encore ainsi avec son corps ? Qui fait encore du splastick, des gags purement physiques et visuels ? Je ne sais pas, je cherche.

Sa fiancée l'attend en arrière-plan mais lui, comme souvent, ne l'a pas vue. Un plan magnifiquement composé dans lequel les personnages, par leur attitude corporelle, expriment une vraie émotion.

Planet of the Vampires

jeudi 5 février 2009

Terrore nello spazio
Mario Bava, 1965

Je continue méthodiquement à regarder des films de Mario Bava mais je n'ai, pour l'instant, toujours pas trouvé la moindre parenté entre Bava et le réalisateur de Suspiria. Avec Planet of the Vampires, on est loin du film d'épouvante mais plutôt dans une série B, une vraie de vraie, de science-fiction, avec une pointe d'horreur.

Pitch : dans une galaxie lointaine et à une époque indéterminée, deux vaisseaux spatiaux, l'Argos et le Galliot, mettent le cap sur une planète inconnue d'où est émis un signal de détresse. Après un atterrissage mouvementé, les équipiers du Galliot sont saisis d'accès de folie et s'attaquent les uns les autres. Le brave capitaine Markary (Barry Sullivan) parvient in extremis à ramener ses ouailles à la raison et lance une expédition à la recherche de l'Argos dont on est sans nouvelle. Le capitaine et son équipe font bien vite une macabre découverte : les équipiers de l'Argos se sont apparemment entre-tués. La situation s'aggrave car, peu après l'enterrement, certaines cadavres disparaissent et d'autres ressuscitent carrément en morts-vivants super agressifs. Le capitaine Markary, décidément plein de sagesse, décide alors qu'il est grand temps de quitter cette planète infernale. Mais entretemps ... le convecteur d'énergie cosmique a été saboté !!

Je n'aime pas le mot 'nanar' mais il faut bien avouer que ce terme semble avoir été inventé spécialement pour qualifier Planet of the Vampires. Tous les aspects du film sont contaminés par un incroyable amateurisme foutraque : acteurs, histoire, décors, costumes. Tout, absolument tout, est frappé du sceau "Série B" et il faut parfois un peu s'accrocher.

D'ailleurs, je suis déjà un peu en train de changer d'avis sur le discours que j'avais tenu à propos de Danger: Diabolik, à savoir que je n'aime pas me moquer des films, que je ne les aime pas à cause de leurs défauts mais en dépit de leurs défauts. En regardant Planet of the Vampires, je me suis surpris à rire devant le comique involontaire de certaines scènes (attitude que je déplore pourtant !). Je pense notamment à l'hallucinante scène suivante : nos deux héros, Markary et Sanya, pénètrent dans un vaisseau hanté. Sanya pose sa main sur un espèce d'interrupteur et la retire immédiatement en poussant un cri "Ce truc est électrifié, je viens de me prendre une décharge !". Markary répond "Ah bon ? Fais voir" et il pose à son tour sa main sur l'interrupteur et se prend évidemment lui aussi du 220V, avant de s'écrier un truc du genre "Ah mais oui tu as raison, c'est électrifié !". Et tout ça en gardant un sérieux imperturbable, dans leurs costumes absolument ridicules et des décors en carton. N'importe quoi .... Il faut le voir pour le croire.

Quel que soit l'angle selon lequel on se place, ce film est donc assez catastrophique. Toutefois, je note malgré tout quelques beaux décors psychédéliques, avec de jolies éclairages rouge/vert qui ne sont pas sans rappeler ceux de Suspiria. La fin, très noire et nihiliste, est également plutôt réussie et réjouissante. On peut d'ailleurs noter que Ridley Scott s'est fortement inspiré de Planet of the Vampires (de l'histoire hein ! pas du reste) pour Alien.

Et puis au-delà de ces légères qualités, il y a un je ne sais quoi dans ce film qui le rend sympathique, qui donne envie de l'aimer un petit peu malgré tout. Je pense que Mario Bava est un cinéaste sincère, pas du tout deuxième degré, et je crois que c'est cette fraîcheur de ton qui rend le film attachant, malgré ses invraisemblables défauts.

Les trois quarts du film se déroulent dans cette pièce

Je trouve que le type de droite a quelque chose de Zinédine Zidane. Et, oui, ils portent ces tenues pendant TOUT le film

Le réveil des cosmonautes-zombies

Et le flamboyant vaisseau Argos poursuit son odyssée à travers le cosmos ...