La Vampire Nue

mercredi 9 juillet 2008

Jean Rollin, 1970

Pitch : une histoire assez difficilement racontable, où l'on trouve pêle-mêle des vampires, des jeunes filles dénudées, des sectes, un savant fou, des messes noires, un cimetière, une porte vers l'au-delà, les falaises d'Etretat. En fait, l'histoire n'a aucun intérêt.

Ca faisait longtemps que je voulais voir un film de Jean Rollin, dont la réputation d'auteur de films de série Z vampirico-érotique m'avait intrigué. J'avais lu que ses films avaient été conspués à leur sortie, et que lui était renié par toute la profession, au point de se lancer dans la réalisation de films X à partir du milieu des années 70. Je peux comprendre que ce genre de cinéastes maudits attirent les cinéphiles un peu snobs qui cherchent à se distinguer. Mais bon, j'ai essayé d'ignorer la hype et la contre-hype et de regarder La Vampire Nue en tant que simple film de cinéma.

En utilisant donc mes critères classiques d'appréciation d'un film, j'ai d'abord été consterné : au-delà du scénario complètement abscon, le jeu des acteurs est catastrophique. J'ai rarement vu ça. Certes je suis contre, archi-contre, les "performances bulldozer" d'acteurs style Actor's Studio (Russell Crowe dans Un Homme d'Exception, Dustin Hoffman dans Rain Man, Philippe Torreton dans tous ses films ... tous ces rôles boursouflés, tellement lourds, genre "on est pas là pour déconner mais pour endosser un rôle mec") et par opposition, je suis toujours attiré par des dictions d'acteurs un peu iréels, un jeu léger, une petite musique plutôt que la chevauchée des Walkyries - à la Rohmer en fait. Mais là ... mais là ... , dans La Vampire Nue, ça va au-delà de l'irréalité et de la légèreté .... Tout sonne tellement faux qu'on se croirait dans la pub Maille "Et je le dis haut et fort : je - joue - mal !"

Le montage est aussi assez bancal, achevant de rendre l'histoire inintéressante, et le rythme très lent.

Que reste-t-il alors ? Eh bien il reste des images à couper le souffle. Presque chaque plan est inoubliable : qui a déjà vu un plan où on voit une femme nue dans un laboratoire se faire faire une prise de sang par un homme cagoulé, sous le regard d'un être à tête de cheval ? Qui a déjà vu un groupe de filles en chemises à jabot et aux cheveux rouge de chez rouge marcher sur du varech vert de chez vert ? Certes, l'image n'est pas aussi léchée que dans ... euh ... Barry Lyndon par exemple mais les compositions surréalistes des plans de La Vampire Nue sont saisissantes. On a l'impression de se promener dans des tableaux de Magritte ou de Dali. Toute cette histoire abracadabrante, tous ces acteurs nuls, toutes ces associations d'images et d'objets nous font en fin de compte rentrer dans le domaine du rêve. Je me dis que La Vampire Nue a plus sa place dans un musée d'art contemporain, voire dans le cabinet d'un psychanalyste, que dans un vidéo-club.

Donc, in fine, je peux comprendre le culte porté à ce cinéaste, à défaut d'y adhérer à 100%. Et je ne résiste pas au plaisir de poster quelques images, tellement ces plans sont fascinants.

Image 2Le laboratoire

Image 12Le catastrophique acteur principal

Image 6Le même

Image 30Les sœurs jumelles

Image 34Le chef des gentils et sa secte

Image 39Vampires en goguette sur la plage

Image 43Un autre chouette plan

Image 42La vampire nue en personne (Caroline Cartier)

Image 45Le boss, à nouveau, tout grimé

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